Paysans d'Avenir

Gâtichanvre, une épopée sud essonnienne

22 novembre 2015

L’aventure a commencé au printemps 2013. Dix agriculteurs franciliens avaient décidé de créer Chanvre-Avenir, une association avec pour vocation d’être un intermédiaire entre les agriculteurs producteurs de chanvre et les industriels.

Aujourd’hui, Chanvre-Avenir s’est ouverte aux artisans et maîtres d’œuvre. En parallèle, sept agriculteurs ont créé la SARL Gâtichanvre Ile-de-France. Le projet est aujourd’hui beaucoup plus ambitieux : construire une réelle filière chanvre en Ile-de-France par et pour les agriculteurs. Retour sur un parcours semé d’embuches.

2012, première campagne, 50 ha

Ils avaient passé un contrat avec une chanvrière de Moselle qui devait se charger de venir chercher la fibre moissonnée et mise en ballot. Résultat : un an plus tard, quand commence la nouvelle campagne, les ballots sont toujours chez les agriculteurs et la chanvrière fait faillite… 1^er pas de bol.

2013, campagne sous la pluie, 105 ha

La météo décide de leur mettre des bâtons dans les roues ! Au moment de la mise en ballots, les pluies diluviennes empêchent les travaux agricoles d’avoir lieu. Impossible de mettre la fibre en ballots ! Elle reste donc sur place jusqu’au printemps pour qu’elle puisse (enfin) sécher. Imaginez bien que les agriculteurs n’étaient pas vraiment ravis. Les terres auraient dû être semées en blé à l’automne ce qui n’a donc pas été possible. En plus de cela, ils voient la paille de chanvre noircir et ils se disent que Chanvre-Avenir ne parviendra jamais à la vendre. 2^ème pas de bol.

Donc voilà nos agriculteurs de Chanvre-Avenir, qui créent Gâtichanvre, avec deux récoltes de fibre sur les bras dont une vraiment pas belle à voir. Qu’à cela ne tienne, il en faut beaucoup plus pour arrêter Nicolas Dufour et ses associés. Ils trouvent au cours de l’hiver un partenariat avec la CAVAC en Vendée qui leur achète la totalité.

2014, de panne en panne, 110 ha

Pour la campagne 2014, ils étaient confiants. Quelques semaines avant le début de la récolte, Nicolas appelle l’entrepreneur qui s’occupe de la moisson pour régler les détails avec lui. Mais voilà, ce dernier lui apprend qu’il revend sa machine et il propose à Gâtichanvre de la racheter.
Il faut savoir qu’une moissonneuse à chanvre, c’est une machine bien particulière. A vrai dire c’est un assemblage de différentes autres machines pour l’adapter à cette production particulière. C’est un peu le « do it yourself » de la machine agricole ! Pris au dépourvu les agriculteurs s’organisent et achètent la machine, soit disant en bon état. La campagne 2014 se révèlera un cauchemar avec une machine qui tombe en panne tous les 4 matins, avec des pièces à commander faites sur mesure… 3^ème pas de bol.

2015, une campagne tranquille, 238 ha

L’histoire de Gâtichanvre a de quoi forger le respect. De plus en plus d’agriculteurs leur font confiance et rejoignent l’aventure d’où l’augmentation impressionnante des surfaces.

L’année 2015 marque un tournant important : location d’un bâtiment à Prunay-sur-Essonne qui deviendra, fin 2016, l’usine de défibrage essonnienne. Pour l’instant, elle sert de stockage pour les produits finis servant à l’isolation, au paillage des parterres de fleurs et des jardins ainsi que les litières pour animaux mais aussi de bureaux et d’espace de vente aux particuliers et professionnels.

Surtout c’est une aventure qui crée de l’emploi puisque depuis le début de l’année un commercial et une secrétaire comptable sont arrivés en renfort pour soutenir le développement de l’activité.

Nicolas Dufour, un agriculteur pas comme les autres

Nicolas Dufour, agriculteur dirigeant de Gâtichanvre, m’a accueillie fin septembre pour une journée de moisson du chanvre. Nicolas c’est un type passionné qui pourrait vous parler pendant des heures du chanvre, de ses vertus et de Gâtichanvre. Des heures que vous ne verriez ABSOLUMENT PAS passer !

Installé dans l’Essonne avec son père, c’est grâce à ce dernier et à leur salarié qu’il peut mener de front le chantier Gâtichanvre et la continuité de l’exploitation familiale. Aujourd’hui, il investit son temps et son énergie à 200% dans cette entreprise qu’il entend bien réussir. C’est pour lui une opportunité incroyable pour les agriculteurs essonniens de créer et diriger une filière entière, de la production à la commercialisation. Les agriculteurs seront ainsi les uniques acteurs du chanvre francilien, ce qui leur permettra de produire dans leur intérêt propre

Le chanvre au final c’est une solution de liberté pour les agriculteurs franciliens !