Brève du Sénégal
Sénégal J15 : Rencontre des pasteurs de Nabadji et du rituel du Djarou
Mardi matin, je pars avec Atoumane d’AVSF Matam vers la commune de Nabadji à une quinzaine de kilomètres au nord. La commune est un peu éloignée de l’axe principal et à vrai dire, aucune route n’y mène. Pour trouver le chemin, le village nous a envoyé un jeune garçon à cheval pour nous guider à bon port.
Une fois arrivés, on me présente aux représentants du village. Spécialement pour ma venue ils ont organisé une cérémonie : le Djarou.
Transhumance et pasteurs
Dans cette région qui se situe dans la zone sahélienne, la pluviométrie est faible, environ 400mm de flotte par an. Ajoutez les fortes chaleurs et les feux de brousse qui en découlent, le pâturage à la saison sèche devient très rare, ce qui pousse les éleveurs à partir en transhumance. Cela consiste pour le berger à partir avec son troupeau pendant un an ou deux, parfois plus, en fonction de la disponibilité des pâtures. Dans ce village, les bergers partent seuls. Mais dans d’autres cas, la transhumance se fait avec toute la famille. On appelle les éleveurs pastoraux des pasteurs.
A l’heure retour au village, la tradition veut qu’un peu avant d’entrer dans le village le pasteur abandonne son bâton, pour montrer qu’il n’en a pas besoin pour diriger les animaux, et fait faire le tour du village aux animaux. L’idée c’est de montrer la relation étroite qui s’est créé entre le berger et son troupeau. Le village peut alors apprécier le travail réalisé par l’éleveur dans son isolement. C’est le Djarou.
La démonstration est faite par un jeune homme épaulé par un autre éleveur avec un troupeau de petits ruminants. Il les fait passer entre les maisons et les personnes. Pendant ce temps, les femmes font de la musique et dansent pour célébrer son retour.
Après cette cérémonie, nous nous installons à l’ombre pour discuter. La commune de Nabadji et AVSF sont en train de créer une unité pastorale. Mais qu’est-ce que c’est me direz-vous ?!
Une unité pastorale, c’est un ensemble de villages proche, ayant les mêmes traditions qui partagent les mêmes pâturages et point d’eau qui décident de se réunir pour gérer l’espace ensemble, de manière globale. Par exemple, ils vont se concerter avant l’hivernage pour décider quelles zones seront cultivées et quelles zones seront laissées en pâtures ce qui évitent par la suite les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Je vous en dirai un peu plus dans l’article J17 sur les Unités pastorales car j’en ai visité deux déjà en place.
Les femmes ont insisté pour me montrer leur jardin maraîcher. Elles sont fières de me montrer leur travail, mais elles manquent cruellement de moyens et de techniques. Elles doivent puiser l’eau à la main au puits et la porter jusqu’au jardin. Pour protéger leurs cultures des oiseaux et des insectes, elles sont obligées d’utiliser leurs moustiquaires !
