Brève du Sénégal
J16 : Mbolo Birame, laiterie en création !
Envoyé là-bas par Afdi Ile-de-France, j’y ai rencontré leur partenaire, la Fédération des éleveurs des villages unis du Fouta pour le développement et la coopération (c’est un peu long quand même comme nom). Créée en 2006, l’objectif était de réunir les éleveurs de toute la zone pour qu’ils s’entraident, réunissent leurs efforts et développent l’élevage.En 2013, l’Etat du Sénégal leur a donné le matériel nécessaire pour démarrer une laiterie. Hauteur du don : 56 millions de Franc CFA (environ 85000€). Pour le moment, ils louent un local mais à terme ils souhaiteraient faire construire une laiterie sur un terrain qu’ils possèdent déjà, leur reste à trouver des fonds pour financer ce bâtiment.
Ils ont ouvert la laiterie quelques semaines avant ma venue. Enfin, ouvert c’est une façon de parler. Pour l’instant les femmes qui y travaillent sont bénévoles et se « font la main » en transformant une vingtaine de litre par jour (on est loin des trois cent litres de Vélingara !). En fait, elles n’utilisent qu’une petite partie du matériel donné par l’Etat. En effet, la principale machine sert à pasteuriser et à refroidir 300L de lait. Mais voilà pour la faire fonctionner, il faut de l’électricité et une puissance très importante ! Donc aujourd’hui la machine reste entreposée et n’est pas prête de servir !
Outre le problème de l’électricité, il leur manque… du lait !
Dans cette région très chaude, les pâturages se font rares à la saison sèche et les troupeaux partent donc en transhumance (on en parlait au J15). A ce moment, peu d’animaux restent sur les exploitations, en généralement ceux uniquement destinés à l’autoconsommation (lait pour la famille et vente de la viande). Pour garder les animaux dans la région, la Fédération se charge d’acheter à Dakar des aliments industriels pour le bétail et le revende ensuite aux éleveurs ici. L’avantage de passer par la fédération c’est que l’Etat a mis en place des subventions pour faire diminuer les coûts par ce biais.
Après niveau organisation, ils ont choisi un système que j’ai trouvé un peu compliqué. Dans chaque village (rappelons qu’ils que la fédération en regroupe 20), un délégué est désigné pour être l’intermédiaire entre la laiterie et les éleveurs. C’est à lui que les éleveurs viendront livrer le lait, il comptabilisera et la laiterie lui versera l’argent pour qu’il le reverse aux éleveurs. J’ai plutôt tendance à croire que multiplier les intermédiaires n’est jamais une bonne idée mais ce n’est que mon avis… Après c’est surement plus simple pour eux pour la livraison du lait.
Après un long entretien d’environ 2h, nous sommes descendus à la laiterie et les femmes m’ont montré tout le procédé. Le lait arrivé, elles pratiquent trois tests pour en vérifier la qualité. Tout d’abord, elles vérifient que le lait n’est pas mouillé (qu’il n’a pas été mélangé avec de l’eau pour faire plus de litres) en y plongeant une espèce de petit flotteur. Ensuite, elles pratiquent deux tests pour vérifier que le lait n’est pas contaminé : pour le premier, elles font chauffer une petite quantité, si il reste tel quel c’est qu’il est bon ; pour le second, elles mélangent du lait avec un peu d’alcool et en fonction de la couleur que le lait prend, il est bon ou contaminé.
Après cela, elles rajoutent du sucre (1L de sucre pour 4L de lait) et des arômes (coco en l’occurrence) puis pasteurisent le lait en le faisant monter jusqu’à 85°C, laissent refroidir 20min, mettent ensuite la marmite dans une bassine d’eau froide et enfin mettent à reposer pendant 6H pour obtenir TADAAA du lait caillé !
Après un repas sympathique (on a pu goûter le lait caillé de la laiterie), je reprends la route vers Matam avec Abdou (mon chauffeur-interprète depuis Zinguinchor). En chemin, petite escale à Thilogne pour rendre visite à la famille d’Abdou qu’il ne voit que très rarement puisque lui vit à Ziguinchor. Vu le sourire qu’il avait sur le visage, ça valait le coup d’un arrêt !
Retour à Matam, dîner avec l’équipe d’Entrepreneurs du Monde, dodo ! Zzzzzzzz