J’ai testé pour vous l’atterrissage à La Paz, à 4100m d’altitude, après 3 jours de voyage
ou la fois où je suis sortie de l’aéroport en fauteuil roulant
Dans la construction de mon périple pour Paysans d’Avenir, j’avais choisi l’ordre des pays en fonction des saisons agricoles, cohérent par rapport au projet. Mais voilà, ce n’était pas du tout logique par rapport aux contraintes aériennes ! Me voici donc à devoir faire Antananarivo-La Paz en faisant le tour du globe en 5 étapes : Nairobi-Bangkok-Hong Kong-Los Angeles-Lima.
J’ai donc quitté Madagascar le 10 mai pour arriver en Bolivie le 13 mai, tout en ayant vécu deux fois la nuit du 11 au 12 mai. Seule « tricherie » : mon escale à Lima durait 22 heures. Aussi, j’ai pu sortir de l’aéroport et m’accorder une bonne nuit de sommeil chez mon amie Juana. J’ai naïvement cru que cela me suffirait pour récupérer de tout le voyage et arriver fraîche comme un gardon à La Paz.
Atterrir à 4100m d’altitude, un choix à bien réfléchir
J’avais décidé d’arriver à La Paz où vit l’une de mes amies. Une bonne décision pour me remettre, dans un endroit tranquille, de cette partie exténuante de mon voyage. Seul bémol, l’aéroport de La Paz est situé à 4100 mètres d’altitude. Au moment de prendre mon avion à Lima, j’ai douté de ma bonne idée. N’ayant jamais été très haut en montagne, je ne savais pas quelle allait être la réaction de mon corps (ni celle de mon esprit, d’ailleurs !). J’ai eu la mauvaise idée de parcourir internet pour avoir des témoignages…
Tout cela pour vous dire que lorsque j’ai atterri à La Paz, je n’étais pas tranquille. Je me demandais comment cela allait se passer. L’effet de l’altitude apparaissait-il d’un coup ? Est-ce que cela allait monter tout doucement ?
Mon expérience psychédélique
Les portes de l’avion se sont ouvertes et je n’ai rien ressenti de particulier. J’ai pris mon sac à dos et suis sortie. J’ai senti mon cœur battre plus vite et étais même essoufflée mais à vrai dire la suite est comme un lointain cauchemar.
Arrivée à l’immigration, j’ai présenté mon passeport à l’agent. Mes jambes tremblotaient. D’un geste, il m’a indiqué l’assistance médicale ce qui ne m’a guère mise en confiance. J’ai attendu mes bagages, mis mon sac à dos sur un chariot et me suis dirigée vers l’assistance médicale. Mon cœur battait la chamade, plus rapide qu’un concert de djembé.
J’ai expliqué au médecin que je ne me sentais pas hyper bien avec mes jambes vacillantes et mon cœur en plein marathon.
Un peu d’oxygène plus tard, le médecin était bien embêté car ma tension ne voulait manifestement pas redescendre. Il m’a fait une injection. Je ne saurai jamais ce qu’il y avait dedans, mais elle m’a fait un sale effet.
Difficile à expliquer mais je vais quand même essayer. J’avais la sensation que mon corps et mon esprit avaient été séparés. Mon esprit semblait coincé dans un espace étroit dans lequel je ne pouvais plus bouger. Je ne savais plus où j’étais. Dans l’avion ? Dans une infirmerie ? En transit dans un endroit psychédélique ? Pour ceux qui ont vu le film d’animation Vice-Versa, il y a eu un moment où j’étais dans l’incinérateur des idées abstraites.
Peu à peu, mon esprit a fini par réintégrer mon corps. Au départ, lorsque j’ouvrais les yeux le monde tournait tellement autour de moi que je préférais les refermer. J’ai fini par reprendre mes esprits mais ma tête tournait beaucoup trop pour que je me lève. J’ai appelé Sarah, mon amie, pour lui demander de venir me chercher. A ce moment, j’ai réalisé qu’il était 20h et cela faisait 5h que j’avais atterri.
Sarah est arrivée 45 minutes plus tard et m’a levée avec l’aide du médecin. A ce moment-là, j’ai eu l’extrême joie de vomir le chocolat que je venais tant bien que mal d’avaler (je n’avais rien mangé depuis midi). J’ai fini par me lever et Sarah m’a confortablement installée dans un fauteuil roulant et poussée jusqu’au taxi.
Les jours suivants se sont mieux déroulés, mon corps s’adaptant lentement mais sûrement à l’altitude. Il est nécessaire de beaucoup dormir, ne pas faire d’effort (et de ne surtout pas emprunter d’escalier!) et de manger de petites portions régulièrement.
Pour conclure, comme vous pouvez le constater, je n’ai pas vraiment bien vécu cette arrivée.
Il est important de privilégier des villes à moins basse altitude et monter progressivement. La réaction dépend bien entendu de chaque personne. La mienne a été un mélange de stress, de fatigue, d’altitude et d’angoisse. Si vous êtes comme moi à appréhender ce type de changement violent, je vous conseille vivement de passer par des paliers !
Après ça, vous êtes prêts à découvrir ce merveilleux pays !
Je suis navrée de constater que cette arrivée à La Paz se soit ainsi déroulée et qu’elle ait tant perturbée le corps et l’esprit de notre « baroudeuse » préférée, victime du mal d’altitude.
Fort heureusement, Laure-Line a bien récupéré de cet épisode, retrouvé tous ses esprits (quel soulagement!). Nous sommes ravis qu’elle puisse continuer à nous enrichir de ses expériences, à nous enchanter par ses récits et à vous envoûter par ses magnifiques photos. Que le reste de ton séjour en Bolivie, Laure-Line, soit nettement plus « zen » que cet atterrissage à La Paz!
Merci Robin 😉