Le coin des innovations : chèvres au vert
Les chèvres de la ferme des Bentham sont plutôt remarquables. En effet, elles produisent jusqu’à 1000 litres de lait chacune par an. En comparaison, en France, une chèvre va produire en moyenne entre 500 et 800 litres annuellement (chiffres calculés à partir de statistiques disponibles sur le site fromagesdechevres.com).
Mais quel est donc le secret des Bentham ?!
L’exploitation en quelques chiffres :
- 610 hectares dont 62 ha de pâtures pour nourrir les chèvres,
- 600 chèvres,
- 90 places dans la salle de traite des chèvres,
- Environ 1000 litres de lait produit par chèvre chaque année,
- 230 vaches,
- 20 places dans la salle de traite des vaches,
- 26 litres de lait produits quotidiennement par chaque vache au printemps. A la fin de l’été, la production baisse à 14 litres.
Le secret : de l’amour et de l’herbe fraiche !
600 chèvres, il faut les nourrir ! En moyenne, les chèvres mangent environ 12 kg d’herbe par jour divisés en trois repas. 12kg multipliés par 600 chèvres, il faut un peu plus de 7 tonnes d’herbe par jour pour nourrir tout ce petit monde !
Alors, ce secret…
Le climat n’y est pas pour rien! En effet, à l’automne et au printemps la pluviométrie est abondante et les températures varient entre 1 et 28°C ce qui génère une grande production d’herbe. A l’opposé, l’été, la production est plus faible et, en hiver, lorsqu’il gèle, il n’y a pas du tout d’herbe fraîche disponible (globalement, c’est un peu la Bretagne).
L’herbe est donc coupée tous les jours pour alimenter les chèvres. A l’automne et au printemps, une partie des coupes est réservée pour préparer l’hiver et l’été en ensilant l’herbe. L’ensilage est une technique de stockage du fourrage qui consiste à faire fermenter l’herbe (ou le maïs selon le cas) en les mettant en ballot.
Ainsi, en hiver, elles recevront principalement de l’ensilage et en été un panaché entre ensilage et herbe fraîche.
De la sorte, les Bentham peuvent donner de l’herbe fraîchement coupée aux chèvres presque 10 mois sur 12, c’est là une partie de leur secret! En effet, Kathy m’a expliqué que plusieurs études ont été menées sur la nourriture caprine. Il a été démontré que l’herbe coupée régulièrement à une certaine hauteur, mais aussi avec une certaine humidité, était beaucoup plus nourrissante et de meilleure qualité qu’une herbe coupée haute.
Pour connaître le moment opportun pour la coupe de l’herbe, ils utilisent l’appareil ci-contre, un « pasture meter », ce que l’on pourrait traduire par mesure de pâture (si une personne qui passe par là connait le nom exact en français, qu’elle n’hésite pas !). Lorsqu’ils souhaitent vérifier la densité d’herbe sur une parcelle, ils prennent la mesure à différents emplacements et font ensuite une moyenne. Ils coupent l’herbe lorsque la parcelle atteint les 3000 kg de matière sèche par hectare. La matière sèche, c’est l’herbe une fois que vous lui avez enlevé l’eau quelle contient. C’est donc la partie qui va réellement nourrir les chèvres.
Les chèvres reçoivent un maximum d’éléments nutritionnels par l’herbe et les Bentham n’ont besoin de leur donner qu’une petite quantité de complément, environ 500g/jour. Il est nommé DDG, Dried Distillers Grain. Il s’agit des restes de céréales après séparation des graines. En résumé, c’est le son des céréales (l’enveloppe entourant les grains de blé et autres céréales). Les Bentham achètent ce concentré en Australie et c’est la seule nourriture donnée aux chèvres qui n’est pas certifiée bio. Ils le paient 430 $ la tonne (environ 264 €). Ce complément est donné en salle de traite (ce qui motive aussi les chèvres à entrer dans la « machine infernale »).
Un système durable
Les Bentham ont développé leur exploitation en véritable système durable et circulaire.
Rien ne se perd, tout se réutilise!
Les chèvres peuvent être un peu délicates du gosier. Elles laissent certaines plantes mêlées à l’herbe qui ne leur plaisent pas. Pas de gâchis, les restes des chèvres sont ramassés et distribués aux vaches qui ne font pas de différence !
Dans le même temps, l’eau est également utilisée de manière durable et circulaire. L’eau de pluie est récupérée via les gouttières et stockée dans des cuves. A elles seules ces eaux permettent d’abreuver les chèvres toute l’année.
Sous les enclos couverts des chèvres, ces éleveurs ont installé des drains permettant de récupérer tout le « jus » produit par ces adorables animaux. Il sera ensuite combiné aux résidus liquides du compost et à l’eau utilisée pour le nettoyage des salles de traite pour arroser les pâtures.
Les déjections des animaux sont également récupérées, compostées et épandues sur les pâtures lesquelles serviront ensuite à nourrir les chèvres et les vaches !
Et demain ?
Kathy donne une importance majeure au fait de produire durablement. Elle est fière de montrer la qualité de sa terre, le nombre important de vers de terre (ces géniaux ingénieurs du sol).
Ils ont décidé de passer la ferme en bio et arrivent très bientôt au terme des longues années nécessaires à la conversion !
Merci encore à Kathy et sa famille d’avoir accueilli Paysans d’Avenir sur leurs terres!