Paysans d'Avenir

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Portrait d’agricultrice, la vie compliquée de Nguyen Thi Lê

12 avril 2016


 

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31 mars 2016, 7h du matin. Mon accompagnatrice-traductrice de l’AEDP, Linh, vient me chercher à mon hôtel avec le chauffeur et la voiture. Nous prenons la direction de My Trach commune dans le district de Le Thuy (carte) pour rencontrer Nguyen Thi Lê.

Cette charmante femme nous accueille chaleureusement et nous offre le traditionnel thé de bienvenue. Nous nous asseyons sur la terrasse à l’abris de la chaleur pour discuter tranquillement.

Linh m’introduit en expliquant en quelques mots qui je suis, d’où je viens et quel est mon projet, puis, je commence à poser mes questions.

Une vie difficile

Nguyen Thi Lê est née en 1975, aveugle. Elle s’est mariée et a eu deux enfants. Mais voilà, ses enfants sont tous deux nés avec un handicap mental et moteur. Son mari la tenant responsable l’a quittée pour se remarier avec une autre femme. Son premier enfant est aujourd’hui décédé et le deuxième, une fille, est partie vivre avec sa tante.

Aujourd’hui, à 41 ans, elle vit avec un ami qui a perdu sa femme et ils s’entraident au quotidien.

S’investir pour améliorer son quotidien

En 2012, elle a commencé à s’investir dans la vie de la communauté en rejoignant le groupement des femmes, une association d’aveugles et le « club » d’AEPD. Ces « clubs » sont des lieux de rencontres et d’échanges entre personnes handicapées de la même commune. Ils permettent de développer une réelle communauté et l’entraide tant pour les difficultés sociales que pour le développement des affaires.

C’est dans le cadre de ce « club » qu’elle a entendu parlé des microcrédits de Zebunet. A cette époque, elle faisait déjà un peu d’élevage de volailles, de l’engraissement de porcs et fabriquait un peu d’alcool de riz.

Elle a alors décidé de déposer sa candidature pour un prêt et elle l’a obtenu.

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Le fonctionnement du microcrédit de Zebunet

  • Montant du prêt : 5 millions de Dong ;
  • Durée de remboursement : 2 ans ;
  • Mensualité : 208 000 Dong pour le remboursement du capital 35000 Dong d’intérêts soit un total de  253000 Dong (environ 10€) ;
  • Taux d’intérêt : 0,7% ;
  • Garantie : Tous les mois, elle paye 10000 Dong supplémentaires qui vont dans une sorte de caisse commune à toutes les personnes de la commune soutenues par Zebunet. Si un mois l’un d’entre eux a des difficultés à rembourser le prêt, notamment pour cause de maladie, l’argent sera puisé dans cette caisse.

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Pour quels changements ?

Avant, pour l’engraissement, elle achetait des porcelets puis les engraissait pendant trois mois avant de les revendre au boucher.

Aujourd’hui, grâce à un prêt de 5 millions de Dong (environ 197€) de Zebunet, elle a pu acheter 3 truies. Dès lors, plus besoin d’acheter les porcelets, elle les produit elle-même.

Malheureusement, l’une des truies a attrapé une maladie fatale. Cependant, les deux autres truies lui apportent déjà un important revenu supplémentaire. Elles ont déjà eu deux portées chacune avec une quinzaine de porcelets la première fois et une vingtaine la deuxième.

La gestation de la truie est de 115 jours, soit 3 mois, 3 semaines et 3 jours. Ensuite, Nguyen garde les porcelets et les engraisse pendant trois mois. Elle les nourrit avec des légumes, des bananes, du maïs et les déchets issus de la fabrication de l’alcool de riz. Lorsqu’ils font environ 60 kg, le boucher vient les lui acheter pour ensuite les abattre, les découper et les revendre au marché.

Le coût de la nourriture pour une portée de quinze porcelets est d’environ de 20 millions de Dong (788€). Elle les revendra ensuite 2 millions de Dong chacun (environ 78€). Son bénéfice est donc de 10 millions de Dong par portée (394€).

Avant, elle devait ajouter le prix d’achat des porcelets. L’achat des truies lui a véritablement permis d’accroitre ses revenus et améliorer ses conditions de vie.

Elle a pu acheter des équipements pour la maison, augmenter la taille de son élevage de volailles (aujourd’hui : 65 poules, 33 canards et 2 oies) mais aussi faire vacciner ses poules et ses truies. Prix d’un vaccin : pour un cochon : 2 millions de Dong ; pour une poule : 700 000 Dong.

Actuellement, elle épargne une partie de ses bénéfices dans le but d’augmenter encore sa production. Le reste de l’argent, elle l’envoie à sa fille.

ZebunetLogo Zebunet

Zebunet est une ONG française créée en 2001 de développement rural visant au maintien de l’agriculture paysanne et au développement des activités d’élevage dans 6 pays (Vietnam, Madagascar, Niger, Mauritanie, Burkina Faso et Togo).

Zebunet finance, grâce aux microcrédits, l’achat d’animaux pour les paysans les plus pauvres afin de leur permettre d’augmenter leurs revenus et d’améliorer leurs conditions de vie. L’ONG étant basée en France, elle a créé des partenariats avec des organismes locaux qui se chargent de sélectionner les projets à soutenir, s’occuper des transactions et assurer le suivi.

En quelques chiffres, depuis 2001 :

  • 15 000 animaux financés ;
  •  5000 prêts à des paysans du Sud ;
  • 4 950 adhérents en Europe dont 500 actifs ;
  • 13 partenaires locaux  ;
  • Une salariée ;
  • 20 bénévoles.

Ils ont trois partenaires au Vietnam dont l’AEPD qui nous intéresse ici.

AEPDLogo AEPD

Association for Empowerment of persons with Disabilities, que l’on pourrait traduire par l’Association pour redonner du pouvoir aux personnes souffrant de handicap. Cette association, créée en 2003, a pour but d’intégrer les personnes handicapées au sein de la société et de les aider à réaliser leur potentiel, avoir les mêmes opportunités que les autres et pouvoir participer de manière productive à la communauté.

Les bénéficiaires sont principalement des personnes handicapées à cause de la guerre du Vietnam : exposition à l’Agent Orange ou blessures d’éclats de bombe. Mais toutes les personnes handicapées peuvent bénéficier de leur aide.

Ils sont situés dans la province de Quang Binh . Leurs locaux se trouvent dans la jolie ville de Dong Hoi.

Depuis 2003, ils ont déjà tendu la main à 2650 rescapés de guerre et 2000 personnes handicapées ; aidé environ 1400 ménages à développer des activités de subsistance ; et mis à niveau le matériel de 17 cliniques locales accueillant des personnes handicapées.

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