Paysans d'Avenir

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Portrait d’agriculteur : François Dassise, éleveur de poulets gasy à Ambararatabé, près de Tsiroamandidy

26 mai 2016


 

François Dassise face à sa rizière

François Dassise face à sa rizière

 

J’ai rencontré François Dassise et sa famille au tout début de mon voyage à Madagascar. Il était mon tout premier interviewé. J’ai été enchanté de cette rencontre. Nous avons traversés les différents champs de François, il m’a fait plonger au cœur de son histoire et il m’a invité à sa table. Après son interview, sa femme et sa fille nous ont retrouvé pour partager un café et un délicieux avocat. Sa fille était pleine de malice et sa femme remplit de tendresse. 

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Une jolie petite famille !

Les parents de François étaient des migrants venus d’Antananarivo. Il peut paraître étrange de parler de « migrants » pour des personnes venant du même pays. Cette « distinction » a d’ailleurs des conséquences car les migrants n’ont pas les mêmes droits que les personnes originaires du village notamment concernant l’accès à la terre. François, quant à lui, est né ici et a été à l’école jusqu’en classe de 8ème (CM1). Il a alors choisi le métier d’agriculteur, comme ses parents. Grâce à un changement de loi concernant les migrants, il a pu facilement acheter de nouvelles terres et agrandir ainsi l’exploitation léguée par ses parents.

La curiosité, un moteur d’amélioration de vie

En grandissant, sa curiosité naturelle a pris le dessus. Loin de vouloir continuer à cultiver de manière traditionnelle, il a adhéré à plusieurs associations afin de pouvoir se former et donc avoir accès à de nombreux savoirs. Dans le village, l’agriculture s’est toujours pratiquée de manière identique, traditionnelle avec des difficultés récurrentes que les paysans ne parvenaient pas à résoudre.

En 2013, il a rejoint l’APDIP avec son groupement : Aingavao 2. Il a ainsi reçu plusieurs formations et des appuis techniques qui lui ont permis de résoudre tous ses problèmes d’exploitation et développer toutes ses productions : riz, haricot, poulet gasy, zébus et fruits.

Durant ses formations, François a notamment appris que couvrir le sol des cultures de paille de riz permettait de limiter l'évaporation de l'eau!

Durant ses formations, François a notamment appris que couvrir le sol des cultures de paille de riz permettait de limiter l’évaporation de l’eau!

Lorsqu’il a monté son projet professionnel pour demander l’aide à l’installation (dont nous parlions ici), il a opté pour la production de poulets gasy, une espèce malgache. Trois raisons à ce choix :

  • Il aime les volailles ;
  • Cette race est adaptée aux conditions climatiques régionales ;
  • C’est une production économiquement intéressante : elle a de nombreux débouchés et permet d’obtenir des bénéfices en quelques mois à peine. En effet, une génération de poulets ne vit que 4 mois sur l’exploitation. Ainsi, les fonds rentrent régulièrement dans la trésorerie, tout au long de l’année, facilitant la vie de sa famille.

François a ainsi obtenu une aide d’un montant de 630 000 Ariary (175€) avec laquelle il a :

  • Aménagé son premier poulailler ;
  • Fait construire un deuxième ;
  • Acheté un nouveau coq ;
  • Acheté des aliments améliorés (provende) pour les volailles et des vaccins.

 

Plus de poulets pour une plus belle vie

François et l'animateur "jeunes" de l'APDIP en train de parcourir son livre de comptes

François et l’animateur « jeunes » de l’APDIP en train de parcourir son livre de comptes

Au départ, il n’avait un seul poulailler. Grâce à l’aide reçue et aux bénéfices dégagés, il a pu en faire construire 4 autres. De 8 volailles (1 coq, 4 poules et 3 poulets), il est passé à 112 (5 coqs, 25 poules, 10 poulets et 72 poussins) ! Il a déjà vendu 45 poulets entre 7000 et 8000 Ariary (1,95-2,24€) l’unité. Dans la région, ils ne vendent pas au poids mais à l’unité. Cela dit, lors de la vente, les volailles font environ 1kg.

Il a également utilisé les bénéfices pour améliorer les équipements de la maison et l’alimentation familiale. De plus, François a les revenus suffisants pour envoyer tous ses enfants à l’école. Enfin, il se permet désormais d’embaucher de la main d’œuvre pour l’aider aux différents travaux rizicoles.

A l’avenir, il souhaiterait construire un nouveau poulailler afin d’augmenter le nombre de poules jusqu’à 60. Il aimerait également acheter un hectare supplémentaire de rizière.

La vie d’un poulet de l’élevage de François Dassise

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Tout d’abord, il nous faut une poule (ceci résout-il la grande question de l’œuf ou de la poule?). Celle-ci va pondre trois fois 10 œufs par an qu’elle va couver pendant 21 jours. Les poussins pointent alors le bout de leur bec.

Dès leur naissance, ils sont séparés de leur mère et reçoivent différents vaccins (ex : peste).

Durant leur première semaine, ils mangent du riz légèrement cuit (pour qu’il ne soit pas trop dur).

Ensuite, de la deuxième semaine au 3ème mois, ils mangeront de la provende. Il s’agit d’un mélange de son, manioc, maïs broyé, tourteaux d’arachide, farines de poisson et des vitamines. François fabrique lui-même sa provende avec ce qu’il cultive sur son exploitation. Néanmoins, il achète tout de même les vitamines, le tourteau et la farine de poisson. Vous vous demandez peut-être ce que c’est que ce « tourteaux d’arachide »? A la fin de la transformation de l’arachide (les cacahuètes!) en huile, il reste toujours des résidus. Les tourteaux sont formés de ces résidus. Vous voyez, en agriculture rien ne se perd, tout se transforme!

Revenons-en à nos poulets.

François va commencer à vendre les animaux à leur troisième mois. A partir du 4ème mois, il donne à ceux qui restent davantage de maïs broyé afin de les engraisser rapidement. Les restaurateurs achètent en général ces poulets-ci, bien plus gros et meilleurs !

Pour la vente, les clients viennent jusqu’à l’exploitation choisir et acheter les poulets. Les périodes les plus propices sont les fêtes religieuses et le début de l’année.

Il utilise le lisier de poule comme engrais de jardin (quand je vous dis que rien ne se perd…).

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François et sa femme à la fenêtre de leur maison

J’espère que ce portrait vous a plu! N’hésitez pas à commenter si vous avez des questions ou envie d’en savoir plus!

4 thoughts on “Portrait d’agriculteur : François Dassise, éleveur de poulets gasy à Ambararatabé, près de Tsiroamandidy

  1. FANOMEZANTSOA Mamitina Jean Bruno dit :

    est-ce que pouvez me donner la proportion de la formule? est-ce formule est valable pour toutes les catégories des poulets

    1. Laure-Line dit :

      La proportion entre eau et feuille? Non malheureusement, je n’ai pas la formule :(

  2. Nicks dit :

    Belle et intéressante interview à propos de Madagacar

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