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Production de semences de riz pluvial à Madagascar

22 juin 2016


Rencontre avec Marcel, agriculteur de la région de Fianarantsoa et membre du CRAM (Cercle Régional des Agriculteurs Malgaches)

Marcel

Marcel

Lors de mes rencontres avec les agriculteurs Malgaches, une chose m’a particulièrement étonnée : nombreux produisaient des semences de riz. J’ai été surprise notamment parce qu’au Sénégal ou même au Vietnam, les paysans que j’ai pu croiser, achetaient tous leurs semences à des grands groupes et peu réutilisaient leurs graines.

A Madagascar, le système semble globalement différent. Les semences sont créées par des instituts de recherche qui travaillent en collaboration avec les paysans, surtout pour la multiplication. Voici un petit aperçu de ce système, en prenant l’exemple du riz pluvial dans la région de Fianarantsoa.

Bienvenue chez Marcel

Le riz pluvial fraîchement moissonné

Le riz pluvial fraîchement moissonné

La première question qui me démangeait les lèvres était : pourquoi produire des semences de riz plutôt que du riz pour nourrir directement la famille ? Dans un pays où l’on ne mange pas à sa faim, cela me semble faire sens de d’abord assurer son alimentation et celle de ses proches avant de se lancer dans tout autre production.

Les graines que multiplient Marcel et ses compagnons sont en réalité du riz qui peut être consommé directement sauf que sa valeur pécuniaire est beaucoup plus élevée ! Si le riz pour la consommation directe se vend aux alentours de 500 Ar/kg (0,14€/kg), le prix de vente des semences est quatre fois plus élevé, soit 2000Ar/kg (0,54€). Le prix de revient permet alors à Marcel de pouvoir non seulement acheter du riz pour sa famille mais aussi des biens de consommation du quotidien ou encore payer les frais de scolarité des enfants.

D’un autre côté, une partie de la semence est tout de même consommé par la famille. Marcel explique que ce sont les graines de la partie centrale de la parcelle qui seront revendues comme « semence » en tant que telle. Les contours de la parcelle ne sont jamais très performants et peuvent être pollués par d’autres graines. C’est pourquoi, le riz produit sur les bords sera consommé par la famille.

Marcel et sa vache!

Marcel et sa vache!

Une année de production de semences de riz pluvial

Je fais bien ici la distinction entre riz pluvial, c’est-à-dire produit sur une parcelle uniquement arrosée par l’eau de pluie, et le riz irrigué. Comme son nom l’indique, ce dernier est produit dans une rizière, en général au fond des vallées, alimentée en eau toute l’année grâce à un système d’irrigation. Ces deux riz ne sont pas nécessairement produits au même moment de l’année.

Le travail du sol, pour le riz pluvial, débute aux mois de mai et juin par un labour. A cette époque de l’année, la saison des pluies vient de se terminer et la terre est encore humide. Elle est alors plus facile à retourner.

Vers septembre-octobre, les paysans épandent un peu de fumier pour la fertilité du sol.

Ils utilisent ensuite un rayonneur (photo ci-dessous, merci Google image J) pour tracer les lignes dans lesquelles ils vont semer en octobre-novembre. 5 graines tous les 20 cm !

photos rayonneurs google image

Pour ses 50 ares de terrain, Marcel utilise 9kg de semences qu’il paie 2000 Ar/kg.

Un mois après les semis, les paysans vont faire un premier sarclage pour détruire les mauvaises herbes qui voudraient commencer à s’installer. Puis un deuxième passage, 15 jours plus tard pour être sûr que ces coquines aient bien compris le message !

Ensuite, il n’y a plus qu’à attendre quelques mois !

Mars et avril arrivent enfin et c’est le moment de la récolte. Dans le village, la solidarité est reine. Mais l’usage veut que lorsqu’un ami ou un voisin vient aider, le paysan lui donne un sac de riz en échange. Dans le cas présent, comme il s’agit de semences, la valeur est trop importante pour donner un sac alors Marcel verse à chacun environ 3000Ar/jour et assure leurs déjeuners durant la moisson. N’importe qui peut venir et il n’y a aucune obligation. Quelques jours avant, Marcel annonce les jours pendant lesquels il va moissonner et demande à ceux qu’ils croisent s’ils veulent bien venir l’aider.

La récolte de ses 50 ares prend environ 3 jours. Bien sûr, cela dépend du nombre de personnes venu aider. Plusieurs activités : coupe des tiges, battage, séchage des grains de riz et de la paille.

Sur ses 50 ares, Marcel produit environ 2,5 tonnes de riz.

L’année suivante, Marcel enchainera avec des haricots ou de la pomme de terre. En effet, il a bien retenu les enseignements reçus dans les diverses formations qu’il a suivies : le riz appauvrit la terre et il est nécessaire de faire une rotation de culture.

Vous savez tout sur la production de riz ! Des questions ?

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Par la fenêtre de la maison de Marcel

4 thoughts on “Production de semences de riz pluvial à Madagascar

  1. David FABRE dit :

    Bonjour,
    Nous réalisons actuellement un projet d’agriculture sur le plateau Batéké en République Démocratique du Congo, et nous sommes à la recherche de semences de riz pluvial susceptibles de donner des bonnes récoltes dans notre régions des savanes. En effet, la saison des pluies, chez nous, débute en novembre pour se terminer en mai avec une pluviométrie d’environ 1500mm/an. Pensez vous qu’il soit possible de cultiver du riz pluvial dans notre région, et est il possible d’acheter des semences par votre biais à Madagascar. Aussi, nous somme à la recherche de semences de Bracharia pour créer des pâturages améliorés pour notre bétail! J’ai lu dans plusieurs articles qu’il y en avait aussi à Madagascar. En vous remerciant pour votre réponse en retour. Sincères salutations
    David FABRE

    1. Laure-Line dit :

      Bonjour David, Je ne connais pas du tout les conditions au Congo. Je vous propose de contacter l’Afdi du Bas-Rhin qui a des projets là-bas. Afdi Bas-Rhin
      Chambre d’agriculture d’Alsace
      Espace Européen de l’Entreprise
      2 rue de Rome
      CS 30022 Schiltigheim
      67013 Strasbourg cedex
      Tél: +33 3 88 19 55 90
      p.osswald@alsace.chambagri.fr

      C’est l’Afdi qui était partenaire des projets que j’ai visité à Madagascar. Je pense qu’ils sont les plus à même de pouvoir vous aider :)
      Bon courage et n’hésitez pas si besoin :)

      Bien à vous,
      Laure-Line

  2. Jibratar dit :

    Bonjour très interessant… y’aurait il un moyen d’entrer en contact avec Marcel? Sinon les techniques et les mois de cultures utilisé par marcel sont-ils aussi valable pour les pays comme le gabon ou le cameroun?
    Mercie d’avance

    1. Laure-Line dit :

      Bonjour, Pour entrer en contact avec Marcel, vous pouvez passer par l’Afdi de Madagascar : afdimada@moov.mg
      Je ne connais pas les conditions au Gabon et au Cameroun, néanmoins, n’hésitez pas à demander à l’Afdi 😉

      Bien à vous,
      Laure-Line

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